Oui a l’évolutionnisme du Concept !

et non au concept d’évolutionnisme ;o)
mercredi 5 septembre 2007
par mathieu
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Arrêtons d’être simpliste ! L’espace d’un instant seulement.

Toute religion possède deux niveau de réalité :

- Celui d’un mouvement intellectuel de conceptualisation qui tente de répondre au besoin humain d’explication/compréhension du monde.

- Celui d’un outil de domination au mains de ceux qui sont en mesure d’asservir les autres.

La seconde acception, dans ce qu’elle est semblable aux l’universelles loi du plus fort, lutte des classes et à la politique en général, ne nous intéresse pas ici.

Par contre la première, relativement simple a traiter, n’en semble pas moins mal comprise.

Les premières constructions religieuses de l’humanité organisent un monde simple, polythéiste et font émerger les concepts antithétiques de bien et de mal (jour/nuit, mortel/immortel).

Grâce au monothéisme de la Tora, la pensée réflexive invente les concepts de Transcendance, d’Omniscience et, du même mouvement, les rejette hors du champs humain, vers le divin. Le dieu Unique, créateur de toutes choses, permet au peuple élu d’accéder à des notions élaborées comme l’Egalité. Le message chrétien donne ensuite à cette avancée conceptuelle pluri-séculaire un tour Universel qui manquait cruellement au texte juif. Mais dans son prosélytisme d’avant-garde, y perd une partie de son monothéisme (Père + Fils + Saint Esprit + Anges + Saints-tout-court = pas 1).
Erreur évolutive que viendra corriger le dogme musulman développé dans le coran. Nous y retrouvons le dieu unique, concept d’Universalité ne souffrant aucun partage de ses prérogatives.

Ainsi, sans être linéaire et en simplifiant à outrance, l’évolution des productions conceptuelles des hommes est passée par les religions pour diffuser largement son message et accessoirement assoir la domination des certains groupes sur l’ensemble des autres.

… jusqu’à ce que la lumière soit.

La philosophie des Lumières, la bien nommée, est venu faire la part des choses et permettre à l’homme, créateur des divinités depuis le plus profond des âges obscurs, de reprendre objectivement la place qui toujours fut la sienne dans l’organisation conceptuelle du monde. L’humanité prenait en quelque sorte conscience d’elle-même.

Or, qu’est-ce qui inquiète aujourd’hui dans le pseudo essor du pouvoir du religieux et de la crédulité volontaire ou entretenue des fanatiques ? C’est bien ce retour en arrière intellectuel qui nie la réalité de concepts comme la Liberté, forgés de haute lutte.
Ce mouvement réactionnaire, s’il est clairement identifié comme fruit de la dimension « domination » des religions, repose organiquement sur des concepts d’explication du monde construits dans les âges anciens de l’humanité, dans l’enfance de la réflexion (je parle ici du communisme au même titre que n’importe quel fanatisme religieux).

Ainsi, au lieu de s’attaquer au phénomène guerrier, au cas par cas et en trouvant tel messie mieux ou pire qu’un autre et de s’attirer les foudres de ses fidèles, je pense qu’il est intéressant aujourd’hui de réaffirmer l’obsolescence de ces systèmes explicatifs d’un autre âge.

Certes, la pensée moderne, dans son contexte démocratique et républicain est éminemment perfectible. De nouveaux paradigmes seront accouchés de notre doute contemporain. Ce n’est pas parce que la gestation est longue et que l’accouchement se fait dans la douleur que nous devons exhumer les momies de la pensée humaine et se prosterner devant des idoles, bon Dieu !

Nos plus proches ancêtres nous ont légués la faculté de faire appel à la péridurale. Il faut affirmer bien haut notre croyance en l’évolutionnisme des idées, au progrès de la connaissance, même si pour cela il nous faut nous mettre au travail et même, pourquoi pas, dépasser les croyances scientistes : pour le progrès des concepts.

Mathieu Rigard


Paris, 1998