Eloge de la folie

Erasme
dimanche 8 décembre 2013
par mathieu
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6/10

Erasme rédige une diatribe contre le paradigme de la morale de son temps (incarné alors par les tenants, fondamentalistes, de l’Eglise catholique). Il fait donc l’éloge d’une folie qui sert de repoussoir aux tenant de l’ordre moral. C’est l’éloge du rire, de la joie de vivre et de l’amour des choses de ce monde. Il invoque alors « Dame Folie » en personne, comme une divinité païenne, qui viendrait plaider sa propre cause dans un siècle de parfaits abstinents.

Avec le sérieux d’un écolâtre (qu’il est) il explique que la folie est la seule sagesse en ce monde. Merveilleux paradoxe s’il en est !

p.53 Parlant de la Renommée, celle qui élève les statues et baptise les places et que les philosophes appellent « folies ridicules ». « Mais ces pourtant pour l’amour de ces folies que les plus grands héros ont fait toutes ces actions éclatantes que les poètes et les orateurs ont élevées jusqu’au cieux. C’est cette folie qui élève les villes, c’est cette folie qui soutiens les empires, les lois, la religion, les conseils, les tribunaux ; en un mot, c’est cette folie qui est la base et le fondement de la vie humaine, et qui gouverne l’univers au gré de sa marotte. »

p.71 Ecologie : La science contre la nature Quadrature : paradoxe de la raison irraisonnable « Oui, plus les hommes s’adonnent à la sagesse, plus ils s’éloignent du bonheur. Plus fous que les fous mêmes, ils oublient alors qu’ils ne sont que des hommes, et veulent paraître des dieux ; ils entassent, à l’exemple des Titans, sciences sur sciences, arts sur arts, et s’en servent comme d’autant de machines pour faire la guerre à la nature. C’est donc en se rapprochant autant qu’ils le pourront de l’ignorance et de la folie des brutes, c’est en n’entreprenant jamais rien qui soit au-dessus de leur condition et de leur nature, que les hommes verront diminuer sensiblement les misères innombrables qui les tourmentent et les accablent. »

Chasseur p.79 « Les gens qui n’aiment autre chose que la chasse. C’est un très grand plaisir, selon eux, d’entendre le son rude et désagréable des cors et les hurlements affreux des chiens. Je crois même qu’ils flairent la fiente de leurs chiens avec autant de volupté que si c’était du musc. Quel plaisir, lorsqu’il est question de déchirer une bête sauvage ! Couper, arracher les membres des bœufs et des moutons, c’est une occupation vile et méprisable qu’on abandonne à la canaille ; mais déchirer les membres palpitants d’une bête sauvage, c’est un exercice noble et glorieux qui n’est réservé qu’aux héros. C’est à genoux, la tête nue, avec un couteau consacré à cet usage (car ce serait un crime d’en employer un autre), c’est avec certains gestes, avec un certain respect religieux que se fait cette imposante cérémonie ; pendant que tous les assistants, rangés autour du sacrificateur et gardant un respectueux silence, admirent, comme quelque chose de merveilleux et de nouveau, ce spectacle qu’il ont peut-être vu plus de mile fois. Heureux le mortel qui est admis à goûter un petit morceau de la bête ! C’est un honneur qu’il regarde comme un des titres les plus glorieux de sa famille... Tout ce que gagnent ces chasseurs déterminés, c’est qu’ils deviennent à la fin presque aussi sauvages que la bête qu’ils poursuivent et qu’ils mangent. Malgré cela ils sont très persuadés qu’ils mènent une vie vraiment royale. » 3,524



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